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4.4.    Atteintes à la biodiversité
Lors de l’adoption du rapport intergouvernemental d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques de 2019, son président Sir Robert Watson déclarait « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ».[41] Ce rapport fait la démonstration des atteintes à la biodiversité qui sont imputables à l’expansion humaine et à l’intensification de son utilisation des ressources naturelles, avec pour conséquences pour n’en citer que quelques-unes :

· Les trois quarts de l'environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine.

· Plus d'un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.

· La valeur de la production agricole a augmenté d'environ 300 % depuis 1970, la récolte de bois brut a augmenté de 45 % et environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde - quantité qui a presque doublé depuis 1980.

· La dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale.

· Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.

· La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980 ; environ 300-400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets issus des sites industriels sont déversées chaque année dans les eaux du monde, et les engrais qui arrivent dans les écosystèmes côtiers ont produit plus de 400 « zones mortes » dans les océans, ce qui représente environ 245.000 km2, soit une superficie totale plus grande que le Royaume-Uni...


L’IPBES soutient qu’il est encore possible de conserver, de restaurer et d’utiliser la nature de manière durable et d’atteindre d’autres objectifs sociétaux – notamment pour l’alimentation, l’eau et l’énergie, la santé et le bien être pour tous. Des leviers critiques ont été identifiés afin d’assurer les transformations nécessaires en direction de la durabilité de la biodiversité :

« 1) permettre des visions d’une bonne qualité de vie qui n’impliquent pas une consommation matérielle toujours croissante ;

2) réduire la consommation totale et les déchets, notamment en traitant différemment dans des contextes différents aussi bien la croissance démographique que la consommation par habitant ;

3) rappeler les valeurs existantes et largement partagées concernant la responsabilité, afin qu’elles influent sur les nouvelles normes sociales pour la durabilité, et étendre en particulier la notion de responsabilité de manière à inclure les effets associés à la consommation ;

4) traiter les inégalités, en particulier de revenu et de genre, qui compromettent la capacité en matière de durabilité ;

5) garantir un processus décisionnel inclusif, un partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources, ainsi que le respect des droits de l’homme dans les décisions portant sur la conservation ;

6) rendre compte de la dégradation de la nature découlant des activités économiques locales et des interactions socioéconomiques environnementales à distance comme, par exemple, le commerce international ;

7) assurer une innovation technologique et sociale respectueuse de l’environnement, prenant dûment en compte les possibles effets de rebond et les régimes d’investissement ;

8) promouvoir l’éducation, la production de connaissances et la conservation de différents systèmes de connaissances, y compris les sciences et les savoirs autochtones et locaux se rapportant à la nature, à la conservation et à l’utilisation durable. » [42]

Nos modes de vie actuels perturbent les grands cycles biogéochimiques planétaires au point que nous provoquons une extinction de masse de la biodiversité et rendons la terre inhabitable. Dans le rapport de 2020 Planète Vivante[43], le WWF fait état d’une chute des populations de vertébrés entre 1970 et 2016 de 68% dans le monde.

[41] https://ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr

[42] https//ipbes.net/sites/default/files/202002/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf

[43] https://www.wwf.fr/rapport-planete-vivante