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3.6.    Santé des professionnels de la gestion des déchets
Les impacts sanitaires pour les professionnels de la gestion des déchets sont nombreux et multiples. Dans un rapport[27] de 2019, l’Anses dresse en état des risques sanitaires pour les professionnels de la gestion des déchets en France qui est préoccupant :

« En France, selon l’INRS, les accidents du travail (AT) avec arrêt dans le secteur de la collecte et du traitement des déchets étaient en 2003, trois fois plus fréquents et plus graves que dans l’ensemble des activités relevant du régime général de la Sécurité sociale. En 2012, l’INRS rappelle que, dans les activités de gestion des déchets, la sinistralité est à nouveau plus importante que dans l’ensemble des activités relevant du régime général de la Sécurité sociale. Selon une étude de la DARES, sur la période 2005-2010, le secteur de la gestion des déchets figure parmi les secteurs ayant des taux de fréquence d’AT plus de 2 fois supérieurs au taux de fréquence moyen.

La grande variété des déchets et des procédés mis en œuvre pour leur gestion implique des expositions professionnelles très diverses. Outre les risques chimiques (CMR et autres substances dangereuses pour l’être humain) et biologiques (moisissures, endotoxines, agents infectieux…) liés à la nature même des déchets traités et aux procédés mis en œuvre, les travailleurs du secteur sont susceptibles d’être exposés à des risques multiples :

- Risques liés à l’exposition à des agents physiques (ambiance sonore, ambiance thermique, ambiance lumineuse, vibrations mécaniques…) ;

- Risques liés à l’organisation du travail (contraintes posturales, manutention manuelle ou mécanique, charge physique, gestes répétitifs, aménagement du poste de travail…) ;

- Risques liés à l’utilisation d’équipements de travail (cabines de tri, camions-bennes…), à la circulation de véhicules et au déplacement des personnes (sur site ou sur la voie publique), à la présence de sources d’incendie ou d’explosion (installations et appareils électriques, utilisation d'équipements sous pression…), lors d’interventions sur ou à proximité d'équipements mécaniques ou électriques, lors de la réalisation de travaux temporaires en hauteur, lors de la présence d’objets coupants et piquants ;

- Risques pour la santé psychique (horaires atypiques, travail en poste isolé, violences externes sur le lieu de travail, manque de reconnaissance …). »

Focus sur la collecte de déchets : Une étude[28] menée par l’INRS de 2017 sur le développement du monoripage et conditions de travail révèle que dans les conditions observées une telle collecte est physiquement plus intense que celle en biripage. « Elle présente alors un risque plus élevé en troubles musculosquelettiques et une astreinte cardiaque excessive. L’étude montre qu’il est possible, pour une collectivité territoriale d’imposer dans le cahier des charges d’un marché de collecte, les conditions sous lesquelles les entreprises sont autorisées à proposer des collectes en monoripage, de façon à préserver la santé des travailleurs. »

 

Il est évident que les choix de politique de gestion des déchets influencent directement certains des risques identifiés par l’Anses et devraient être pris en compte aussi bien sur l’organisation du travail, que les équipements, la circulation des véhicules (collecte) et la santé psychique.

[27] https://www.anses.fr/fr/content/gestion-des-d%C3%A9chets-mieux-conna%C3%AEtre-les-risques-sanitaires-pour-les-professionnels

[28] https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=TF%20249