3.2. Molécules contrôlées et seuils d’émissions en question
De plus en plus encadrée par la loi, l’incinération est obligée de progresser pour diminuer ses émissions polluantes. Lors de la mise en service de l’incinérateur de Limoges en 1989, étaient contrôlés les poussières, les composées organiques volatiles, le chlorure d’hydrogène et 11 métaux lourds. Au fil des ans, les seuils d’émission de ces substances ont été abaissés et d’autres substances se sont ajoutées dans la liste des contrôles (fluorure d’hydrogène, dioxyde de souffre, oxydes d’azote, ammoniac, cadmium, mercure, vanadium, antimoine, arsenic, dioxines et furannes chlorés). Lors de la dernière commission de suivi de site de l’incinérateur, M. le Directeur de la direction de la légalité représentant Mme la préfète a pu déclarer que « l’Institut de Veille Sanitaire affirme que grâce aux nouvelles technologies de traitement des fumées, il n’y a plus de sujet sur l’impact sanitaire ». Publiée en 2008[11], une étude épidémiologique de l’InVS montre qu’autour des incinérateurs ayant fonctionné entre 1980-1990, l’incidence de certains cancers dépasse de 7 à 23% la valeur de référence. L’InVS prend soin de préciser que ces résultats portent sur la période précédant la mise aux normes, il insiste sur le fait que pour mesurer les effets des incinérateurs fonctionnant aux normes aujourd’hui, il faudra attendre une période de latence de 5 à 10 ans. Selon l’Organisation mondiale pour la santé : « si les incinérateurs de déchets ne sont responsables que d’une petite partie de l’ensemble de la pollution particulaire de l’air en comparaison avec d’autres sources (par exemple les émissions des automobiles), cette petite fraction pourrait être d’une nature différente et probablement plus nocive »[12]. L’incinérateur de Limoges fonctionnant depuis 1989, les impacts sanitaires sont à considérer et non à relativiser ou à nier. De plus, une vingtaine de polluants seulement (dioxines chlorées, furannes, neufs métaux lourds, particules fines...) sont contrôlés sur plus de 2000 molécules mesurées en sortie de cheminées.
[11] Institut national de veille sanitaire (2008), « Étude d’incidence des cancers à proximité des usines d’incinération d’ordures ménagères »
[12] Mitis F., Martuzzi M. (2009), « Effets sur la santé des incinérateurs d’ordures ménagères : résultats d’un groupe de travail d’experts de l’OMS » (Mis à jour 2019), dans Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, n°7-8, p.74-6