Selon un étude, publiée le 03 mars 2020 et réalisée par des chercheurs allemands, la vie des gens dans le monde est raccourcie de près de 3 ans en moyenne par différentes sources de pollution atmosphérique. Illustration © Cardiovascular Research : Nombre annuel d'années de vie perdues à cause de la pollution atmosphérique, en moyenne 233 millions d'années par an.

La pollution de l'air est responsable de la diminution de l’espérance de vie des gens dans le monde à une échelle beaucoup plus grande que les guerres et autres formes de violence, les maladies parasitaires et vectorielles telles que le paludisme, le VIH / SIDA et le tabagisme, selon une étude publiée dans Cardiovascular Research.
 

En utilisant une nouvelle méthode de modélisation des effets de diverses sources de pollution atmosphérique sur les taux de mortalité, les chercheurs ont estimé que la pollution atmosphérique mondiale a causé 8,8 millions de décès prématurés supplémentaires par an en 2015. Cela représente un raccourcissement moyen de l'espérance de vie de près de 3 ans pour toutes les personnes dans le monde. Les chercheurs estiment à 790.000 le nombre de morts dus à la pollution de l'air en 2015 dans l'ensemble de l'Europe, dont 659.000 dans les 28 états de l'Union européenne.
 

Les pollutions de l'air réduisent plus l'espérance de vie que le tabac : En comparaison, le tabagisme raccourcit l'espérance de vie de 2,2 ans en moyenne (7,2 millions de décès), le VIH / sida de 0,7 an (1 million de décès), des maladies comme le paludisme portées par des parasites ou des insectes tels que les moustiques, les tiques et les puces par 0,6 an (600 000 décès) et toutes les formes de violence (y compris les décès dans les guerres) de 0,3 an (530 000 décès).


Les chercheurs ont examiné l'effet de la pollution de l'air sur six catégories de maladies : infection des voies respiratoires inférieures, maladie pulmonaire obstructive chronique, cancer du poumon, maladie cardiaque, maladie cérébrovasculaire entraînant un accident vasculaire cérébral et autres maladies non transmissibles, telles que l’hypertension et le diabète. Ils ont constaté que les maladies cardiovasculaires (maladies cardiaques et maladies vasculaires cérébrales combinées) sont responsables de la plus grande proportion de vies raccourcies dues à la pollution atmosphérique : 43% de la perte d'espérance de vie dans le monde.
 
Ils ont également constaté que la pollution de l'air a un effet plus important sur le raccourcissement de la vie des personnes âgées. À l'échelle mondiale, environ 75% des décès attribuables à la pollution atmosphérique surviennent chez des personnes de plus de 60 ans.

 

Une mortalité évitable ; les chercheurs constatent que la perte d’espérance de vie mondiale de 2,9 ans (2,3–3,5 en fonction des zones géographiques) pourrait être réduite de 1,7 ans (1,4–2,0) grâce à l'élimination de toutes les émissions imputables à l’activité humaine potentiellement évitables et de 1,1 ans (0,9–1,2) ans grâce à l'élimination des émissions liées aux combustibles fossiles uniquement.

L'étude conclut pour l'Europe, qu'il est urgent de de baisser les seuils d'exposition aux particules fines produites lors de la combustion des énergies fossiles et de diminuer de façon drastique leurs utilisations. La limite annuelle moyenne pour les PM2,5 fixée par l'Union européenne est de 25 microgrammes par mètre cube, soit 2,5 fois plus que les recommandations de l'OMS.